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Les premiers pas

Les frais d'établissement de la nouvelle société mu-tuelle sont considérables. Ainsi, à la fin du premier exercice, son surplus n'atteint que 5,96 $. Au cours des quelques années qui suivent et même si le nombre de titulaires s'accroît, les pertes demeurent élevées. Les tracteurs à vapeur qui servent à faire fonctionner les batteuses en bois, continuent de faire voler des étincelles de leurs chaudières alimentées à la paille, brûlant machines et récoltes à une vitesse folle.

Reconnaissant les bienfaits du conditionnement physique, Alonzo Kempton permettait aux employés de partir tôt à condition qu'ils marchent d'un pas rapide. Ce groupe d'employés pose pour une photo à mi-chemin de leur randonnée.

À la fin du siècle, la société décide de diversifier ses activités. Elle offre désormais des garanties pour les autres machines agricoles, ainsi que pour les bâtiments, les écoles et les églises. Aux termes d'une décision visionnaire, la Wawanesa étend ses activités dans le territoire qui formera bientôt les nouvelles provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta.

En 1916, la Wawanesa accorde un congé à ses employées afin qu'elles travaillent à la moisson. La Première Guerre mondiale se traduit par une pénurie de main-d'oeuvre et par le rationnement des matériaux qui peuvent être utilisés dans le cadre de l'effort de guerre. La plus grande partie du dur travail agricole est effectuée par des femmes, qui ne bénéficient pas de l'aide des machines agricoles.

Dès 1900, la Wawanesa assure des propriétés pour une valeur de plus de un million de dollars. L'indemnité la plus importante versée cette année-là est de 1 000 $; la plus petite, de 3 $. Un an plus tard, la société quitte son petit local au-dessus de la pharmacie pour aménager dans un nouvel édifice avec vue sur la magnifique vallée de la rivière Souris. La Mutuelle, comme l'appellent les résidents locaux, compte bientôt un personnel de cinq employés, y compris un vendeur qui parcourt les Prairies.

Pendant ce temps, les administrateurs continuent de jouer un rôle actif dans le fonctionnement de la société. Leurs racines agricoles ne sont pas étrangères à la sympathie qu'ils portent aux titulaires de police. En 1900, par exemple, un fermier local indique que sa vieille étable a été gravement endommagée dans une tempête. Les administrateurs se présentent chez lui en boghei et examinent le bâtiment. Ils se rendent bien compte que l'étable est dans le même état lamentable que celui dans lequel elle se trouvait avant la tempête. Ils accordent néanmoins au fermier une barre de fer qui se boulonne aux murs afin de tenir la structure debout un peu plus longtemps.

La société met également en place un système novateur d'administrateurs honoraires. Dispersés dans la campagne, ces derniers dépistent les nouvelles possibilités commerciales et les réclamations suspectes. Ils ne sont pas rémunérés mais, à titre de titulaires de police dans une société mutuelle, il est dans leur intérêt que l'entreprise connaisse une certaine croissance et qu'elle ne fasse pas l'objet de fraudes.

Les gens de l'Ouest réagissent avec enthousiasme à la promesse de coûts moins élevés et de traitement équitable. En 1907, la valeur des propriétés assurées par la Wawanesa grimpe à 20 millions de dollars. Trois ans plus tard, la société peut proclamer fièrement qu'elle est devenue «la compagnie mutuelle d'assurance incendie la plus importante au Canada».

La croissance est soutenue pendant les années de la Première Guerre mondiale et l'entreprise occupe une bonne position à la fin du conflit. Peu de temps après la guerre, la Wawanesa est témoin d'un changement dans sa direction. Alonzo Kempton a été le dirigeant audacieux dont la nouvelle entreprise avait besoin au cours de ses premières années.

Il a transformé la Mutuelle en un chef de file du secteur, mais le moment est venu de remettre les rênes de la Wawanesa à un dirigeant plus contemporain et capable de relever des défis d'un genre nouveau.

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